Florent Mattei propose la série Poussière, inspirée des premiers portraits de l’histoire de la photographie quand le portrait photographique se démocratise, supplantant le portrait pictural : les visages sont sérieux, la pose hiératique, derrière un paysage peint, un village blanc, des chênes verts, des figuiers de barbarie, une route en terre, un paysage de pays chaud, au sol, un tapis, des objets comme décor qui changent d’une photographie à l’autre, un guéridon, des livres empilés, un bouquet de fleurs, de fruits, une chaise, une petite sculpture, toutes les personnes photographiées sont recouvertes d’une fine poussière, celle d’un bombardement ? celle d’un long voyage ? Bien que leurs vêtements signe leur appartenance au monde contemporain, ils sont les déplacés de toujours, ceux d’hier et d’aujourd’hui, ceux qui fuient les guerres, la misère : dignes, ils nous regardent droit dans les yeux à travers l’objectif. Le photographe est-il moins artiste à cet instant ?
Texte : Alexandra Majoral